Lise Duclaux s'immisce dans nos manières d'être, de regarder et de comprendre ce qui nous entoure. Le choix du vivant est sa matière première, elle cultive et regarde en toute simplicité la vie et s'applique à en saisir la dynamique poétique et précaire.

Elle tente de se rapprocher de tout ce qui a une forme et vagabonde à la surface du quotidien.

Il y a dans nos jardins - dans nos représentations - des choses souterraines qui échappent à nos regards. Il y a dans notre quotidien des singularités qui échappent à nos habitudes de penser. Car notre regard, continuellement envahi par des clichés formatés, finit par ne plus rien voir.

Lise Duclaux chahute ces colonisateurs tenaces. Pour ré-enchanter le monde elle se munit de science et de poésie. Elle obscurcit l'ordinaire en le rendant à nouveau mystérieux et étranger. A travers la conversion des regards, elle tente d'impliquer les spectateurs à prendre en charge des questions qui l'animent : nos milieux, la vie, l'espace et le temps, la répétition ou encore la possibilité d'évoluer, de se métamorphoser.

Elle fait la part belle aux invisibles, aux extra-ordinaires, aux vies souterraines, pour habiter poétiquement, éprouver, vivre, faire l'expérience de l'oeuvre. Peuplée de graines, de plantes, d'animaux, de couches d'horizon, d'humus, d'insectes, de trous de taupes, de racines, de tentatives de partage, de langage, de science, de littérature, de poésie et de volonté de déplacer les mots, son oeuvre prend son temps, s'inscrit dans le temps et bat en brèche l'évidence puissante de notre temps.

Le dessin, l'écriture, le jardinage, la composition typographique, la performance et la photographie sont ses médiums. D'un projet à l'autre, et par contamination, elle recycle et adapte ses dispositifs. Ses oeuvres sont en constante évolution, se nourrissant les unes des autres pour créer des atmosphères mi-fictionnelles, mi-réelles annotées d'aphorismes, de citations littéraires et d'informations scientifiques détournées.

Poétiques et politiques, les zones sensibles investies par Lise Duclaux sont des espaces de partage artistique et relationnel, tout autant que des sources de connaissance et d'inspiration, mais aussi et surtout ce sont de prolifiques espaces de résistance.